Une question de feuille de style

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Pour cet article de journal d’écriture, je m’interrogeais sur l’aspect de fond et de technique à aborder. J’en envisageais plusieurs, puis en faisant un retour à une nouvelle aimable relectrice sur le Livre 1, je me suis rendu compte que le sujet était peut-être utile au-delà de la seule question du roman considéré. Il s’agit de la « feuille de style ». Je profite également de retours de fond pour indiquer des ressources bibliographiques de type « outil » qui pourront sûrement servir à d’autres !

📖Journal d’écriture

Je suis heureuse d’être désormais plutôt à mon aise sur le LIVRE 3 « L’emprise de l’ogre » en titre de travail. D’après les notes prises sur mon carnet-agenda, j’’ai commencé ce chantier mi-avril 2024, et mes écrits signalent que j’ai été en difficulté pendant trois semaines. J’avais noté « débloquer » et « structure » notamment, et je me rappelle à présent avoir recommencé plusieurs fois le premier chapitre, puis changé aussi les ordres de chapitre à différentes reprises.

Je tiens à remercier Kiki, qui m’a permis de revenir sur les textes du LIVRE 1 – JOUR 1 jusqu’au chapitre 15, en m’incitant à des reprises qui, j’espère, seront utiles pour les lecteurs !

🔷L’usage de la feuille de style

J’ai découvert l’utilisation des feuilles de style sur le tas, et je me suis efforcée de creuser progressivement, entre astuces découvertes, lues, entendues, et divers bricolages pour améliorer les fichiers. En travaillant sur de gros textes (dizaines, centaines de pages), les feuilles de style deviennent vitales (navigation, lisibilité). Elles sont aussi une base indispensable pour utiliser certaines fonctionnalités au mieux (certaines recherches, ou sommaires sur un unique thème). Le but ici est de vous donner un aperçu de ce qui est possible, et selon vos besoins, il restera bien sûr à compléter vos recherches et mener des expériences. De mon côté, il se passe rarement une semaine sans que je procède à de petites retouches sur une feuille de style ou une autre, car cet outil m’aide vraiment et que mon confort de travail gagne beaucoup à ce qu’il soit bien en phase avec mon « moi » du moment.

Il y a des siècles, je mettais mes documents en forme manuellement, en changeant la police d’écriture, la graisse et tout le toutim. Je voulais que ce soit joli et je ne comprenais pas bien l’intérêt de la feuille de style proposée par défaut par Word, parce qu’elle était très moche. Je ne me souviens pas des détails de mon cheminement d’exploration : clic ici et là, moments de frayeur, de perplexité et parfois de joie d’avoir réussi un bidule. Quoi qu’il en soit, je suis devenue une obsessionnelle des feuilles de style et désormais je suis horrifiée quand je vois du « mis en gras manuellement ».

Une feuille de style permet de déterminer les niveaux de titre, ce qui autorise l’usage efficace du volet de navigation.

Aperçu du volet de navigation du Livre 1 – La toile de la malédiction (titre de travail)

Créer une feuille de style personnelle est long et laborieux, mais cela en vaut la peine au final, et je ne peux plus imaginer travailler autrement. Voici quelques aspects :

  • On gagne beaucoup de temps (une fois qu’on a une feuille de style fonctionnelle, bien sûr).
  • Avec les options de type « paragraphe solidaire » et « lignes solidaires », on peut avoir une mise en page automatique propre, avec saut de colonne ou saut de page automatique (confort !).
  • En configurant qu’après le TITRE 2, on a le TITRE 3, puis un CHAPEAU 1, puis Premier paragraphe (ou toute autre combinaison adaptée), puis Normal, on gagne en confort d’automatisation : moins de temps à faire des réglages répétitifs, et donc toute la concentration sur le texte.
  • Les interlignes dans le paragraphe et après, mais aussi le retrait en début et fin de ligne permettent de rendre certaines informations plus lisibles, comme dans le cas des dialogues par exemple. On améliore beaucoup le confort de lecture (et donc de travail) à l’écran. On pourrait ainsi avoir une feuille de style « travail à l’écran » et une autre « impression finale » (plus compacte), et de là, on passe de l’une à l’’autre d’un seul clic.
  • On peut avoir plusieurs styles normaux : lettre, extrait de livre, souvenirs, etc. Ce faisant, on peut donc automatiser la présentation du texte, avec des composantes distinctes. Bien sûr, un logiciel de mise en page sera toujours plus riche dans ses possibilités, mais pour un usage courant, cela permet déjà de prendre des notes sur de la documentation en « normal » et de mettre des commentaires en encadré, pour les distinguer et les retrouver facilement. Dans le même ordre d’idée on pourrait avoir les « pistes d’aventures » en encadré + TITRE 4 (au hasard), et avoir un sommaire dédié, de la même manière qu’on peut faire des tables de matière pour les tableaux ou les illustrations.
  • Si on crée des titres d’’encadrés en leur donnant une hiérarchie de titre (de 1 à 9), on peut faire apparaître les encadrés dans les sommaires. On peut aussi créer des sommaires alternatifs, avec deux volets de hiérarchies de titre. On distingue mieux les types d’information, et on les retrouve plus facilement.
  • Si on a un style « nom de créature » (en hiérarchie « corps de texte », il peut être utilisé pour créer un sommaire de fin de document listant les créatures (on peut aussi procéder avec des index, le résultat n’est pas le même, ça dépend des besoins). Avoir un style facilite également les recherches en « control + F », car on ajoute ce faisant un critère qui peut être ajouté en recherche avancée.
  • On peut avoir plusieurs feuilles de styles différentes avec les mêmes styles. Si par exemple une entreprise a une feuille de style qui ne vous convient pas pour travailler, il suffit de livrer les fichiers dans la feuille de style souhaitée, et en utiliser une autre au quotidien. Un seul clic suffit alors à changer toute la mise en page.
Aperçu de la feuille de style en cours d’usage sur le « Livre 1 » d’In-Existence

Ci-après un exemple de plusieurs styles combinés sur le début du Livre 3. C’est une capture écran, pour vous faire un avis plus développé, vous pouvez consulter le texte dans sa version PDF la plus à jour. Ces extraits illustrent plusieurs mois d’efforts ! Je doute que ça se voit immédiatement, alors…

  • Les souvenirs disposent d’un encadré dédié et d’une police d’écriture avec sérif (empattement), parce que je trouve que ça fonctionne mieux avec le passé.
  • Les italiques par défaut sur cette police étaient trop condensés pour être bien lisibles, de sorte que j’ai revu leur écartement sur les « exergues », ces bouts de pensée et autres temps forts.
  • Les chapitres ont automatiquement « chapitre » et la bonne numérotation. La configuration était un peu laborieuse pour trouver l’endroit où est déterminé « après chaque titre 2, la numérotation des chapitres reprend à 1 ». Avec ce système, je compte distinctement livres, jours et chapitres, ce qui correspond le mieux à ma pratique pour m’orienter dans les différents volumes.
  • La mise en exergue (actuellement italique et centré, avec un retrait gauche + droite) m’a pris du temps. Je pense en liste, et en partie, puis sous-parties. J’ai tendance à vouloir revenir à la ligne, mettre des titres, et donc à casser le flot du texte narratif. J’ai cherché des moyens de structurer visuellement pour m’y retrouver sans que cela devienne trop un « manuel ».
  • Les tirets des dialogues… Pour commencer, il m’a fallu du temps pour trouver le bon, et son raccourci clavier… (control + Alt + « signe moins du pavé numérique »). Ensuite, j’avais des dialogues longs, parfois entrecoupés de texte de récit, et le dialogue repart ; or, cette configuration tend à rendre plus difficile le repérage à l’œil de ce qui est dit ou pensé.
    • La solution actuelle consiste à avoir un retrait négatif, de sorte que les tirets et les guillemets sont toujours nettement visibles au début de la ligne.
    • Il y a aussi des espaces avant paragraphe et après, mais pas entre paragraphes du même type. Cela signifie que le dialogue apparaît resserré, et nettement distinct du reste du texte.
  • Il y a aussi des jeux sur les tailles d’interlignes, pour qu’ils soient assez larges pour aider la lecture, mais assez étroit pour qu’on voit l’architecture des blocs de paragraphes, et donc des unités de sens.
  • Les petites indications sur « de qui on suit le point de vue » (ici Vanik Memini), l’heure et le lieu, servent tout autant au lecteur qu’à moi. Comme ce sont des styles différents (qui, quand, où), je peux faire une table par exemple listant les personnages mis en avant. Cela m’a servi à certains moments pour réfléchir à l’équilibre. Cela ne signifie par pour autant que tout soit parfaitement neutralisé, en zappant harmonieusement d’un personnage à l’autre. Sur la fin du Livre 2, il y a une sur-représentation des chapitres d’Alvise Spinelli, parce qu’il me paraissait le meilleur point de vue pour suivre la situation.

📚 Au fil des retours de lecture… et des pistes bibliographiques

Je profite de cette fin d’article pour des remarques sur retours de lecture, lorsque j’ai l’impression que le sujet pourrait présenter un intérêt plus large, essentiellement pour des questions de documentation ou de méthode.

« Alekto » et « Arakel Lastôr », ça sonne de manière assez similaire, qu’en penser ?

« Alekto » est le nom de l’une Érinyes (l’équivalent grec des Furies romaines) dont le nom semble signifier l’Implacable (note : il faudrait vraiment que je me trouve un dictionnaire de grec ancien, de préférence avec les noms propres). J’ai commencé à lire des mythes grecs quand j’avais 8 ans environ, et ça ne m’a jamais totalement quittée. In-Existence est nourri de cette imprégnation sur le long cours, même si ce n’est indéniablement pas la seule source mythologique.

Actuellement, mon principal outil de travail pour la mythologie grecque est : Mythes de la Grèce archaïque, par Timothy GANTZ (2004, Belin). Je recommande chaleureusement cette synthèse volumineuse et bien conçue qui signale les versions, les sources et les scories.

« Arakel » et « Lastôr » sont tirés pour leur part de L’Hygromancie de Salomon, un traité occultiste médiéval mentionné dans Le Livre des Grimoires, par Claude Lecouteux (2008, éditions Imago). J’ai presque rentabilisé l’’achat du livre avec les seules pages 49-52 ! C’est une boutade, mais j’ai trouvé là beaucoup de noms utilisés ailleurs. Pour les lecteurs familiers de l’univers d’’Eana, sachez que tous les noms de diables et de démon ont été trouvés là : si vous souhaitez les réutiliser, ou en trouver d’autres, c’est un bon outil de travail.

Pour conclure, la ressemblance des sons dans ces cas est purement accidentelle, mais les sources de ces noms révèlent des aspects plus intentionnels.

C’est quoi un arsin ?

En écrivant In-Existence, je ne voulais pas utiliser d’injures à caractère sexiste ou visant des minorités sexuelles. Ce n’est pas une décision visant simplement une quelconque bienséance déconnectée du contenu. L’un des défis de la conception du cadre est de partir du postulat que le sexe désigne un fait biologique associé à la reproduction de l’espèce ; tandis que les genres ne sont pas superposés. Ces genres sont « waffer » (action, extérieur, armes) et « husser » (soin, intérieur, foyer). Dès lors, pour un gangster « hussy » est une insulte qu’il ne peut pas laisser passer, et ce qu’il soit un homme ou une femme.

Cette introduction signale le problème fondamental de l’argot et du lexique des insultes dans le texte. Dans certains cas, j’ai utilisé des dictionnaires d’étymologie pour créer des néologismes avec une saveur archaïque. Dans d’autres cas, j’ai puisé directement dans le vaste vivier des dictionnaires d’argot. Si vous avez des envies de former votre collection, voici déjà de quoi commencer :

… Et… je n’ai pas retrouvé où j’ai déniché « arsin » !!… Ah si ! Il est sur le dictionnaire du Centre National des Ressources Textuelles et Linguistiques (CNRTL… et sûrement CenNaReTex si on était au Regenland) !

Bref, un arsin, c’est un incendie… et apparemment même un châtiment consistant à incendier la maison du coupable. Dans le cadre d’In-Existence, c’est un incendie volontaire. On ne peut pas trop parler de sentence exécutée par le pouvoir judiciaire, puisque les intervenants sont hors-la-loi.

En commençant cet article, je me disais « il va être court, ça va être plié rapidement » ! Je constate que j’ai rapidement trouvé matière à digresser et préciser, etc. J’espère que ces retours d’expérience de coulisses et recherches d’outils pourront vous être utiles !

De mon côté, je constate que j’ai beaucoup tâtonné. C’est intéressant, mais c’est long ! Je ne pense pas qu’il faille s’infliger un apprentissage sur le tas si on peut trouver des raccourcis !

C’est toujours un plaisir de discuter ! Vous êtes bienvenus aussi bien sur le fil des commentaires que sur d’autres canaux !

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