Pour des espèces du désert

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La revue Espèces est riche en informations inattendues en sciences naturelles. Un article consacré au moloch hérissé a attiré mon attention. Ce lézard a des caractéristiques inspirantes pour des cadres désertiques, avec une saveur de science-fiction.

  1. Une étonnante méthode pour s’hydrater
  2. Adaptations entre sword & sorcery et science-fiction
    1. Un immense désert
      1. Une planète entièrement désertique
      2. Un désert épique, mais pas mondial
    2. Et les personnages dans tout ça ?

Source : « Le moloch hérissé. Le démon qui boit avec ses pieds » in Espèces n°52, juin 2024, p.60-67.

Hormis les citations qui sont des extraits de l’article

Une étonnante méthode pour s’hydrater

Le moloch hérissé (Moloch horridus) est un lézard australien qui vit dans le désert et qui se nourrit exclusivement de fourmis. Il a de nombreuses particularités étonnantes ; la plus visible réside dans ses écailles qui forment un motif d’épines acérées le faisant ressembler à une plante épineuse. Caméléon, il fait varier la couleur de son dos de presque noir à jaune clair, selon la couleur du sable ou l’heure de la journée. Grâce aux couleurs sombres, il se réchauffe plus rapidement après les nuits froides ; les couleurs claires (souvent du jaune) lui permettent de mieux résister à la chaleur.

Ce lézard s’alimente en eau grâce à son formidable système tégumentaire (sa « peau », le tissu vivant qui recouvre le corps). « Les écailles possèdent un réseau de microsillons qui draine l’eau et la fait remonter jusqu’à la cavité buccale par capillarité. Les canaux de ces sillons sont d’abord grands et larges, puis plus fins au cœur des écailles, ce qui accélère mécaniquement la circulation de l’eau (le phénomène de de capillarité est d’autant plus efficace que le diamètre des canaux est petit). » Dans le désert, il serait trop dangereux d’absorber directement la peau par un tégument perméable : ce « serait le meilleur moyen pour finir complètement desséché« . Au final, le lézard place ses pattes dans une flaque ou même dans le sable mouillé, et l’eau se propage à la surface de son corps jusqu’à sa bouche. Avec cette méthode, le moloch peut s’hydrater en exploitant « cinq sources d’eau : la pluie, les flaques qui en résultent, les gouttes de rosée, l’eau de condensation du brouillard et l’humidité du sol« .

Pour ceux qui ne connaissent pas la star de cet article, il y a un assez large panel de représentations sur Wikimédia Commons. Sur Wikipédia même, l’article anglophone est mieux pourvu que le francophone.

Portrait d'un moloch hérissé
Un moloch hérissé (par M.c.c.1999, le 31 décembre 2016). Wikimédia Commons.

Adaptations entre sword & sorcery et science-fiction

Cette hydratation par capillarité pour un animal est pour moi une première. J’avais déjà croisé la capillarité dans le cas des arbres, combinées de mémoire à d’autres spécificités pour permettre à la sève brute de monter des racines jusqu’aux feuillages. Quand je croise une particularité si marquante, je ne peux m’empêcher d’avoir envie de l’étendre, lui donner plus d’applications, et de voir jusqu’où il est possible d’aller.

Le design des écailles du moloch hérissé m’évoque des cadres de science-fiction ou de sword & sorcery. Il demeure qu’un petit lézard épineux de 50 à 90 grammes n’est pas une future monture ou un adversaire redoutable. En revanche, rien n’interdit d’imaginer tout un ensemble de créatures ayant la même aptitude. Le vaste groupe des mammifères est (en forçant le trait un peu) descendant de souris archaïques du Crétacé. Alors pourquoi ne pas imaginer une descendance aussi vaste à ce moloch ?

Un immense désert

Une planète entièrement désertique

En science-fiction, on a des planètes entièrement désertiques, dont la plus emblématique est Arrakis, au coeur du cycle de Dune. En jeu de rôle, la référence qui me vient le plus vite est Dark Sun (Wikipedia ; présentation de la gamme sur le Guide du rôliste galactique) décrivant un monde dévasté car la magie consume par défaut la sève. Dans un cas comme dans l’autre, nos cousins du moloch hérissé seraient des espèces a priori crédibles.

Un désert épique, mais pas mondial

Il est aussi possible de sortir du modèle du « 100% désertique », tout en conservant un aspect épique. Quand je cherche des pistes, j’aime bien regarder du côté du passé lointain de notre planète. Les dinosaures étaient mon premier grand amour (premier livre sur le sujet à 4 ans ; ma mère se rappelle sa difficulté à lire les noms latins à rallonge quand je demandais « et lui, il s’appelle comment ?« ).

Dans l’histoire géologique de la Terre, plusieurs épisodes sont tellement différents de notre vécu que je les trouve merveilleusement inspirants. C’est le cas de la « Terre boule de neige« , des grandes forêts de fougères du Carbonifère avec un taux d’oxygène très élevé (et des insectes géants !), mais aussi la Pangée.

On parle de « Pangée » pour désigner un continent formé de l’agglutination de toutes les masses continentales. Ce supercontinent a des caractéristiques vertigineuses, par sa taille évidemment, mais elle a aussi une incidence sur la pluviométrie et possiblement sur l’ampleur de l’extinction Permien-Trias (la pire recensée, avec des surnoms sinistres comme « la grande agonie », et s’étendant sur 200 000 ans). En l’état actuel de mes lectures sur la Pangée, elle pourrait avoir connu de grands déserts intérieurs, tout comme des forêts immenses. Tout est démesuré.

Dans mon esprit, à défaut de modèles, j’imagine un mélange entre le désert du Taklamakan, du Namib (qui a d’ailleurs une façade maritime), et du cœur de l’Australie. Le tout avec des reliefs dignes des Montagnes hallucinées du côté du pôle sud. Je songe aussi au mur que les Andes forment entre l’est et l’ouest de l’Amérique du sud, avec des contrées arides similaires à l’Atacama.

Dans ce monde, il existerait des reptiles écailleux de toutes sortes (proies comme prédateurs), de toutes tailles (depuis le petit lézard, jusqu’à la mégafaune) capables de boire notamment en captant l’eau des brumes matinales et nocturnes provenant de la mer. Comme les cours d’eau douce sont rares, et au mieux saisonniers (avec possiblement des cycles de types El Niño et La Niña influant sur la pluviométrie), cet atout est précieux.

On peut imaginer d’autres tendances pour cet environnement :

  • Les animaux à sang-froid consomment moins d’énergie et sont donc plus adaptés pour survivre à des pénuries. Les crocodiliens battent des records d’ascèse qui ont certainement dû les aider durant la chute de la météorite qui a éradiqué les dinosaures.
  • Quand les températures sont importantes, une grande taille implique de devoir dissiper sa chaleur, il faut donc des solutions si on veut à la fois un climat chaud et des géants.
  • Si le terrain est sableux, des espèces fouisseuses peuvent se mettre à l’abri durant les heures les plus chaudes.
  • Même si l’eau est un problème relativement résolu, le principe du désert est de ne pas avoir grand-chose à offrir en nourriture (les végétaux restent à la base de l’écosystème). Selon l’aridité, il faudra ajuster. Dans plusieurs grands déserts, de brèves saisons des pluies peuvent offrir une période opulente qui est déterminante pour la vie tout le reste de l’année. Dans le cas d’une désertification lente, on peut avoir des nappe phréatiques fossiles (c’est le cas de certaines oasis dans le Sahara, des vestiges de sa période verte).

Et les personnages dans tout ça ?

Un super lézard de monte pourrait servir aussi de source d’eau grâce à sa capacité à capter efficacement l’eau du brouillard, ou de simples flaques boueuses. Dans un environnement très hostile, avec peu de sources permanentes, ces créatures aux écailles adaptées à la captation d’eau par capillarité pourraient devenir essentielles à des humains ou assimilables, incapables d’en faire autant.

Dans ces conditions, les lézards, de toutes sortes, consolident l’ambiance générale de l’univers par cette particularité qui souligne l’importance de l’eau. Je doute que le super lézard soit suffisant pour développer une civilisation très peuplées, il faudrait certainement compléter avec des groupements sédentaires possiblement établis dans des canyons-oasis, avec un habitat à flanc de rocher, semi-troglodyte.

… et de là, plus qu’à développer selon l’orientation plus merveilleuse ou inquiétante…

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