Le chantier de restructuration d’In-Existence du début 2024 s’achève avec désormais trois arcs, trois séries dans le même univers. Cet article est un bilan de l’année au cours duquel je considère les objectifs atteints, les méthodes et les difficultés rencontrées.
Les pages sur le thème
📖Journal d’écriture
La fin de l’année approche et c’est l’occasion de faire un bilan des avancées.
- Restructuration générale. Au début de cette année j’ai entrepris un gros chantier de reprise générale visant à répartir les textes selon trois axes ayant chacun un nombre resserré de personnages centraux et un ton distinct. C’était conséquent et incertain quand j’ai débuté. Chacune des trois grandes étapes a demandé une réflexion profonde, et pleine de doute. J’ai l’impression de finir 2024 avec un ensemble plus clair et des réponses.
- Arc A – La toile de la malédiction. Le premier volume a été repris jusqu’à mars dernier, et il y a eu depuis des retouches visant à harmonisation avec les développement des autres arcs. Le travail est en cours sur le deuxième volume. Je revois en détail les scènes concernant l’équipe d’Alvise Spinelli, pour m’attacher à leurs motivations spécifiques et être plus sûre de leurs actions. Je tiens à éviter le syndrome « bande de potes à la vie à la mort, toujours d’accord avec le chef » qui ne me parait pas adapté au contexte. Ce sont théoriquement tous des personnalités fortes, et ces individus n’ont pas de raison de suivre en sages figurants. C’est d’autant plus vrai au moment où la situation se complique, avec des manifestations surnaturelles pas du tout « prévues dans le contrat ».
- Arc B – L’emprise de l’ogre. Ce chantier s’est étalé d’avril à août. Le changement de point de vue est tel qu’en écrivant, les personnages de l’arc A me paraissaient presque des étrangers inquiétants, alors que c’est l’inverse en A : ils essaient de comprendre les attitudes des personnages de B ! La vérité est désormais connue par les survivants, ou plutôt partagée, car personne n’en a l’entièreté, ou ne sait ce que les autres ont appris. Quelle sera la suite ? Je réfléchis encore !
- Arc C – Le puits des âmes. J’hésite sur un éventuel épilogue ou si ce chapitre sera le premier du second volume, mais en tous cas l’essentiel est désormais là. C’était un vrai casse-tête et le bouclage est tout frais. Il faudra peut-être réfléchir pour consolider les spécificités de ce volume et lui donner plus d’autonomie.
Cela nous amène à vraisemblablement 3 volumes complets à la toute fin : A1, B1, C1. Peut-être un quatrième avec A2. Chacun de ces arcs (A, B, C) est autonome, mais tous se déroulent dans la même ville, sur une période courte. Considérés ensemble, ils donnent la vérité globale sur les événements, mais une vérité partielle suffit à suivre une histoire et les destinées de personnages en particulier.
Si j’en juge par mon expérience éditoriale (limitée au jeu de rôle), un tel chantier est de la « folie ». C’est à peu près aussi déraisonnable que d’écrire « Trône de fer » sans connaitre la fin avant de démarrer. GRR Martin était en mesure de dire la fin à son éditeur et aux showrunners de la série adaptée, ce qui n’est pas mon cas.
Je passe mon temps à « découvrir » des événements plus qu’à les orchestrer. Qui a allumé l’incendie et pourquoi ? Qu’avait découvert Lenard avant sa mort ? Pourquoi les Amers sont-ils agacés par la présence des Sorcières de Tavaltani sur leur territoire ? Que s’est-il passé dans les mines de Sarah Kiecol ?… Et de temps à autre, je m’arrête en me demandant quelles sont les motivations réelles (et les moyens concrets d’action) de Jan Escalas, LastôrEnt ou Ps-51.
De ces questionnements découlent des reprises lourdes, avec remplacement complets de certains chapitres qui ont dès lors fait seulement office d’esquisse. Jul accumule les records de chapitres passés au feu et repris de fond en comble avec des changements radicaux dans ses décisions et actions. Beric se place en deuxième position.
Je ne sais pas encore où m’amènera In-Existence, mais j’apprécie toujours autant de travailler dessus… et heureusement vue la quantité désormais assez délirante d’heures passées sur ce projet !
Je comprends aussi un peu mieux pourquoi certains défauts qui m’embêtent ne sont pas corrigés dans les films et séries : pour y parvenir, il faut consacrer un temps et une énergie considérable, sans être même vaguement assuré que l’auditoire s’en apercevra ou, si c’est le cas, s’en formalisera.
🔷Les trois arcs
Les trois arcs existent désormais de manière distincte. Ils abordent les mêmes événements, mais avec des points de vue et des priorités différentes. Ces ouvrages peuvent être lu dans l’ordre que l’on souhaite : juste l’arc A, ou B ou C, ou bien A1 puis C1, ou B1 puis A1… Les seules contraintes d’ordre de lecture (pour le moment en tous cas) sont à l’intérieur même de chaque arc.
Le total écrit, « propre et repris » depuis décembre 2022 (donc en deux ans de « soirs et weekend ») représente plus de quatre gros livres de jeu de rôle (format A4, 300-400 pages). La complexité du chantier est bien plus importante que la rédaction de plusieurs civilisations d’un même monde, car la chronologie est plus fine et requiert des efforts en cohérence plus importants, avec des phases de reprises plus lourdes que celles que j’ai connues par le passé.
La toile de la malédiction – A1✅
- Mots clef : catabase (descente aux enfers, et retour) ; gangster ; famille ; malédiction
- Personnages principaux : Alekto, Alvise Spinelli, Lucia Spinelli, Lorenz Spinelli
La Voyageuse cherche une issue pour s’échapper des Enfers, mais ne parvient à franchir un seuil du monde matériel qu’avec l’aide d’un invocateur avide de vengeance et œuvrant en faveur de la destruction d’une famille criminelle de la ville de Demigo.
Situation au 20 décembre 2024
- 🔲 Structure A2 : presque achevée, travail de finition en cours sur les dialogues impliquant l’équipe d’Alvise
- 🔲 Structure A3 : V1 écrite pour fin du JOUR 5 + la majorité du JOUR 6
- A venir : bouclage de A2, puis rédaction de A3 en m’appuyant sur la structure déjà existante, et en avançant en parallèle B2 et C2
L’emprise de l’ogre – B1✅
- Mots clef : cold case (un massacre irrésolu) ; élites ; révélation mystique ; trahison
- Personnages principaux : Maxim Arakel Lastôr, Lilyan Meirse, Vanik Memini
Voilà onze ans, un groupe d’amis se réunissait dans un chalet luxueux pour passer quelques jours de vacances en hiver. Leur séjour devint un cauchemar dont seuls trois réchappèrent. Aujourd’hui Éline Cliffe est enfermée à l’asile psychiatrique de Blakova, accusée de l’ensemble des meurtres tandis que Maxim Arakel Lastôr mène l’existence d’un riche héritier d’une famille fondatrice de Demigo. Ce qu’il vit dans les souterrains à l’époque continue de le hanter et le pousse à déchirer le Voile des évidences superficielles.
Situation au 20 décembre 2024
- ✅ Structure : le texte est complet !
- A venir : travail sur « B2 » pour suivre les actions de Lastôr en JOUR 7 et au-delà. Réflexion sur « suite directe ou travail pour rendre le volume autonome ».
Le puits des âmes – C1✅
- Mots clef : « avant la catastrophe » (climat de début de guerre de gang, d’annonce de crise, de menaces sourdes) ; adolescents ; hantises et spectres
- Personnages principaux : Jul, Minette Cam, Idra
Rumeurs, délires, rêves et légendes évoquent un gouffre sans fond, situé profondément sous le cœur de la ville de Demigo. Les sceaux érodés peinent désormais à maintenir ces forces enfermées. Au travers de la cité, sur fond de guerre de gangs et de lutte pour le pouvoir, les trajectoires de plusieurs individus se croisent : la fugueuse Jul, le voleur Idra, l’apprentie occultiste Minette. Chacun cherche son chemin dans un dédale brumeux.
Situation au 20 décembre 2024
- ✅ Structure : structuration du volume, nouveaux personnages, travail sur le ton et les enjeux spécifiques pour avoir un « arc C » autonome
- 🔲 A venir : rédaction « C2 » qui prend la suite directe
🔷Conclusion
Le Regenland était à l’origine une idée un peu vague, une esthétique. La civilisation a énormément gagné en développements à mesure que l’écriture des romans progressait. Outre les réflexions engagées directement autour du texte, je constate dans mes notes bibliographiques que 35 articles datant de 2024 ont servi pour le développement de cette civilisation. Je parle ici du fichier « FIM » (Fortuna Imperatrix Mundi), donc le cadre de jeu de rôle à l’origine de mes créations. A cela s’ajoutent les podcasts et documentaires sur la criminalité organisée, les lectures (sans notes spécifiques) des chroniques judiciaires, et sur la criminalité en col blanc (notes en cours) pour consolider les personnages et situations. Je constate que j’utilise aussi des lectures et auditions en économie et en mythologie comparée, pour l’arrière-plan. Et si cela ne suffisait pas, par contrecoup, les autres civilisations du continent ont aussi gagné beaucoup de développements !
En substance, 2024 aura été très dense en écriture et conception de cadre, avec une orientation contemporain-fantastique et science-fiction. Après de longues années (pratiquement 2008-2023 ?) à être massivement sur du médiéval-fantastique, c’est un changement considérable, et rafraichissant. Pendant longtemps, j’étais convaincue que le contemporain était plus contraignant, moins inspirant, et je suis arrivée au point où je m’y sens plus libre. Mais… c’est un contemporain en cadre fictif, comme le médiéval-fantasy ne se déroule pas dans l’histoire.
2025 est désormais tout proche et j’ai du mal à me représenter l’état d’In-Existence dans un an. Ce sera intéressant pour moi de faire le point sur ce qu’il aura été possible de réaliser sur cette période !
Quelques articles et pages dans le thème…
Structures et restructurations d’In-Existence
Pour comprendre le cheminement de la rédaction d’In-Existence.
In-Existence
In-Existence est un cycle composé de trois séries autonomes. L’ensemble emprunte aux genres des histoires de gangsters, de l’urban fantasy et de la low science-fiction. Chaque série explore un aspect d’une même crise, complexe et multifactorielle.
L’emprise de l’ogre
« L’emprise de l’ogre » est terminé ! 📚✨ Ce volume autonome de l’ensemble In-Existence est disponible à la lecture !
De la science-fiction à la social-fiction
In-Existence est peut-être moins une histoire de « science-fiction » que de « social-fiction » au sens où le cadre du Regenland fait écho à beaucoup de problématiques et débats contemporains.
Des images fortes et de la consistance
Faut-il connaitre la fin de son histoire au moment de la commencer ? Cette affirmation d’un écrivain célèbre m’a amenée à réfléchir.
Pourquoi écrire ?
Une page de journal d’écriture consacrée aux méthodes de travail, avec un détour par un exercice de note d’intention.
Playlists et inspirations musicales
Vous trouverez ici des liens vers des inspirations musicales utilisées pour la création des univers, aussi bien romans que scénarios.
L’univers FIM
FIM (ou Fortuna Imperatrix Mundi) désigne l’ensemble de mes créations, recouvrant d’une part un univers, et d’autre part un système. Cette page vous donne les clefs pour vous familiariser avec lui.


Laisser un commentaire