En ce début d’année, on m’a demandé en coulisses quand je prévoyais de publier d’autres scénarios gratuits ou des contenus utilisables en 5e édition, l’idéal était même un post par semaine ! Bon… à cette fréquence, je ne publierais plus que des articles de cette nature, alors j’ai un peu tempéré… et je me suis dit « pourquoi pas tenter une fois par mois ? ». Un objet magique, un sort, ou une créature ?
Mais pourquoi se limiter à la 5e édition ? Après tout, je pratique volontiers les conversions de système pour regarder comment ils fonctionnent en détail, et quelles sont les différences réelles de chances de succès entre un personnage débutants dans tel système et dans tel autre ? Au-delà des apparences (nombres de dés et de faces), quelles sont les différences réelles ?
Pour ce premier article 2025 dans cette thématique, je m’essaie à un objet magique que j’ai créé pour In-Existence, donc dans le cadre « FIM » (Fortuna Imperatrix Mundi). Je tente aussi d’en faire une variation pour l’Appel de Cthulhu après avoir fait quelques tests techniques à son propos en 2024.
- L’onyx acérée, 5e édition
- L’onyx acérée pour l’Appel de Cthulhu 7e ed ?
- En vitrine…
- L’onyx acérée sur FIM ?
- En conclusion ?
Dans des thématiques proches…
Conversion de créature de la 5e édition à l’AdC 7e
Les guides de conversion de système, même s’ils ne sont pas utilisés au quotidien, sont utiles pour comprendre les spécificités de chaque mécanique et regarder les rouages de près.
In-Existence
In-Existence est un cycle composé de trois séries autonomes. L’ensemble emprunte aux genres des histoires de gangsters, de l’urban fantasy et de la low science-fiction. Chaque série explore un aspect d’une même crise, complexe et…
Qu’est-ce que FIM ?
FIM désigne à la fois un univers en création continue depuis environ 1999 et un système. Il s’agit du cadre de mes créations personnelles, aussi bien univers que scénarios ou romans.

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L’onyx acérée, 5e édition
Objet merveilleux, rare (objet intelligent et maudit)
L’onyx acérée ressemble à une amulette, avec une chaine en métal gris retenant un gros pendentif. Celui-ci est composé d’une onyx de forme ovale, sertie dans une carcan de rayons aiguisés, qui évoquent une étoile constituée de lames. L’ensemble du métal parait rouillé, mais il s’agit en réalité de traces du sang de l’auteur de la malédiction. Quand on observe l’objet avec attention, on distingue de fines gravures entremêlée à la surface de l’onyx, des lignes qui en font le tour, qui s’interpénètrent et se mélangent, évoquant une écriture brouillonne. Le texte est rédigé sous forme de monocondyle, un type d’écriture dans lequel on ne lève pas la plume ; pour peu que l’on accentue et mette les barres aux « t », l’ensemble devient très vite illisible. En dépit de sa forme, cette merveille n’est pas faite pour être portée autour du cou. Même quand on la tient au bout de sa chaine, l’onyx acérée a tendance à se mouvoir bizarrement, s’agitant et s’entortillant pour un rien.
- Cibles de la malédiction. Les gravures sur l’onyx acérée désignent les cibles de l’objet. Il peut s’agir d’un type de créature, d’une famille, des adeptes d’une religion, etc.
- Vecteurs de la malédiction. Le texte sur l’onyx acéré nomme les créatures qui doivent accomplir le châtiment parmi les types morts-vivants et fiélons.
- Déchiffrer l’objet. Lire le texte gravé permet de comprendre l’objectif du malédicteur. Si plusieurs onyx acérées ont été créées en même temps, le texte est éparpillé sur l’ensemble des pièces de la collection, qu’il faut réunir pour reconstituer le sens. Lire un monocondyle nécessite de maitriser la langue utilisée (infernal, démoniaque, etc.) et de réussir un test d’Intelligence DD 14. En cas d’échec, le test peut être réitéré toutes les deux heures.
- Appel de l’onyx acérée. Quand une cible passe à moins de 12m de l’onyx acérée, l’objet peut appeler la cible au travers de murmures s’insinuant dans son esprit.
- Domination de l’onyx acérée. Une fois par jour, l’onyx acérée peut utiliser le sort suggestion sans composante matérielle sur une cible de la malédiction à portée avec un DD 14.
- Manipuler l’onyx acérée. Tenir l’onyx acérée avec prudence constitue une action. Toute créature manipulant l’onyx acérée sans y consacrer son action doit réussir un test de Dextérité DD 12 sous peine de se couper sur les lames. Tenir l’objet au bout de sa chaine donne seulement un avantage au test.
Les effets de la coupure s’appliquent indifféremment sur la cible de la malédiction ou sur une créature ayant malencontreusement manipulé l’onyx acérée.
- La coupure inflige 1 dégât tranchant à la cible et ne peut guérir de ce dégât tant que l’onyx acérée n’est pas détruite.
- Au moment de la coupure, tous les vecteurs de la malédiction à 120m perçoivent l’odeur du lieu de la coupure, et celle du sang de la cible, qui parait particulièrement attractif. Pour les vecteurs de la malédiction, l’odeur associée au sang est similaire à un fil rouge qu’il suffit de suivre.
La malédiction de l’onyx acérée ne prend fin qu’à la destruction intégrale de l’objet et de ses constituants (métal, pierre) par exemple si elle est jetée dans du métal en fusion ou dans un haut fourneau.
L’onyx acérée pour l’Appel de Cthulhu 7e ed ?
Utilisée par : n’importe qui
Cette chaine porte une amulette en forme d’étoile sombre dont les rayons sont tranchants comme des lames de rasoir. Au travers d’un sombre rituel d’une magie blasphématoire, un sorcier crée une collection de ces objets. Un irrésistible hasard les conduira en présence des cibles désignées par la malédiction.
Quiconque se coupe (échec à un test de DEX) aux lames de l’onyx acérée subit une malédiction.
- Perte de chance. La cible effectue un test de POU. En cas d’échec, elle perd 1D20 points de Chance.
- Malchance. La cible est désormais la proie d’une lancinante malchance. Une fois par jour, elle effectue une test de Chance. En cas d’échec, elle est exposée à un dangereux et improbable accident. Tôt ou tard, elle périra horriblement. Retrouver la source de la malédiction semble la seule chance de peut-être survivre.
En vitrine… (Extrait d’In-Existence)
L’objet ressemblait à un pendentif en forme d’étoile autour d’un médaillon gravé ; il était exposé à côté d’un carton indiquant seulement : « Recherchons expert pour analyser cette amulette reçue par un client. Urgent. » Une telle chose ne pouvait être un cadeau ; elle dégageait une aura palpable de désir de nuire.
« Il y a encore un couteau bizarre que tu veux acheter ? » soupira Jul au bord de l’exaspération.
⁂
Alekto entra dans la boutique et un carillon tinta. Une femme derrière le comptoir était assise dans un fauteuil en rotin. Elle avait une trentaine d’années, des cheveux sombres et des traits de… Vesmeres. Alekto la reconnut comme appartenant à ce peuple, tout en étant incapable de déterminer d’où lui venait cette connaissance.
« Je viens pour l’amulette que vous voulez expertiser, annonça Alekto.
— Elle est toute à vous. »
D’un geste, la femme l’invita à la prendre. Alekto la saisit par la chaine qui maintenait le pendant. Cette chose était haineuse et assoiffée de sang. C’était troublant. Les courants magiques étaient diffus ici, mais des gens étaient parvenus à concevoir cette chose. Car elle avait bien été fabriquée dans ce monde ?
Les arêtes de l’étoile étaient des lames !
Le carillon annonça une entrée. C’était Jul.
« Hors de question ! On n’achète pas cette camelote ! » s’écria Jul dès son arrivée.
L’amulette voulait boire du sang !
« Non, mais il est rouillé en plus ! » s’agaça Jul en voulant l’arracher des mains d’Alekto.
Réagissant aussitôt, Alekto s’esquiva. Jul avait failli se couper à ce maléfice ! Il devait tuer et s’en prendrait à tous ceux qui auraient l’imprudence ou la malchance de se trouver sur son chemin !
« Attention ! l’avertit Alekto.
— Quoi ? râla Jul.
— Il coupe, expliqua Alekto.
— De quoi ?
— Le pendentif. Les sortes de branches d’étoiles sont coupantes, précisa Alekto.
— C’est stupide, critiqua Jul.
— C’est délibéré, assura gravement Alekto.
— Ne me dis pas que tu veux l’acheter ? protesta Jul. Tu n’as plus d’argent, tu te rappelles ? C’est moi qui décide les dépenses. On vient d’en parler. T’as pas oublié ?
— Je ne l’achète pas, répondit Alekto.
— Parfait. On y va alors, intima Jul.
— Non, refusa Alekto.
— Mais quoi à la fin ? » s’exaspéra Jul.
La fonction de l’objet était éloquente. Sa mission était si déterminée qu’il en parlait presque dans son esprit ! Mais son murmure répétait seulement sa soif de sang et sa haine. Pour vraiment comprendre, il fallait étudier sa conception.
Le métal était rouillé, c’était sûrement du fer.
Le fer était polysémique dans les rituels. À quelle tradition le créateur se rattachait-il ? Le fer servait pour éloigner les créatures des Terres Crues, des esprits sauvages, parfois qualifiés de fées. Il était aussi le métal par excellence des armes de guerre et donc associé au meurtre. Il était également lié aux aimants, et par là à des effets d’attraction.
Ces traces… C’était du sang séché ?
Il était à peine essuyé. Pourquoi ? Pour des raisons pratiques ? S’il n’avait pas été superficiellement frotté, de quoi aurait-il eu l’air ? Il serait sans doute couvert d’une croûte brun-rouge et ne pourrait pas passer pour un bijou. S’agissait-il d’un sacrifice ? D’un lien entre le créateur et l’enchantement ? De quand datait ce sang ?
De fins tracés étaient gravés, pleins de boucles et de déliés tout autour de l’élément central…
Ils avaient un sens. S’agissait-il d’un symbole ou d’une écriture ?
L’onyx acérée sur FIM ?
Lorenz considéra le bijou. Il attrapa un mouchoir dans les poches de ses vêtements de la veille pour saisir la chaîne du collier et l’examiner à la lumière. Il se rendit compte que le pendentif avait une forme d’étoiles dont les branches avaient des arrêtes étonnamment acérées. L’objet était apparemment en fer, avec une pierre sombre, semi-précieuse sans doute. Il y avait des motifs finement gravés sous la rouille et sur la gemme. L’ensemble lui parut étonnamment lourd par rapport à sa taille. Le métal était assez épais, comme si l’orfèvre se moquait de l’inconfort du porteur. On aurait dit une babiole vesmere, le genre qu’on trouve dans les magasins de curiosités.
Extrait d’In-Existence
L’onyx acérée est une extension de la volonté du malédicteur, désigné comme celui qui a versé son sang pour créer l’objet. Le texte gravé précise l’intention et les moyens, par exemple le type de créatures qui pourront harceler les cible. L’onyx acérée cherche à accomplir ce pourquoi elle existe. Ses capacités dépendent de la densité magique. Les effets sont cumulatifs.
- Faible. La cible d’une coupure acquiert un trait de malchance « Destination finale » à -2 pour la cible de la malédiction, et -1 pour toute autre créature. Tous les 1d6 jours, la victime lance 1d12. Si le résultat est inférieur ou égal à la valeur du trait, un incident dangereux se produit (fuite de gaz, blocage d’un verrou, etc.).
- Moyenne. Au moment de la coupure, les créatures errant dans les Limbes et l’éther perçoivent l’odeur du sang qui est particulièrement attractive. La cible est la proie d’un harcèlement spirituel (cauchemars, murmures, etc.), dépendant des aptitudes des vecteurs de la malédiction.
- Intense ou Moyenne + nuit ou souterrains. Le voile entre le monde matériel et le monde spirituel se déchire au lieu de la coupure. Au moment de la coupure, les créatures errant dans les Limbes et l’éther perçoivent l’odeur du sang qui est particulièrement attractive. Les créatures alléchées mettent tout en œuvre pour se nourrir de la cible. L’odeur de la cible en mouvement est comme une bobine de fil rouge qu’on dévide et qu’il suffit de suivre.
La coupure n’a lieu que lorsqu’une créature manie l’onyx acérée sans y prêter attention. L’amulette est pourvue d’un score d’agressivité : 1 à 2 en magie faible, 3 à 4 en magie intermédiaire, 5 à 6 en intense. A chaque occasion de couper une créature, l’amulette lance 1d12. Si le résultat est inférieur à son agressivité, elle parvient à érafler sa proie. Plus l’agressivité est élevée et plus les témoins observent des événements étranges, comme une manière bizarre de rebondir quand elle tombe, ou une faculté à accrocher sa chaine à tout et n’importe quoi, pour bouger d’elle-même.
En conclusion ?
L’onyx acérée fut créée pour In-Existence, et n’avait pas de nom ; c’était une malédiction réalisée sur mesure. Son efficacité était anormalement puissante du fait d’un événement déclencheur pour l’histoire. En travaillant sur les trois versions, je me suis rendue compte de la différence de ressenti.
- En 5e édition, on joue par défaut dans un cadre avec des monstres, une magie visible et des divinités. Beaucoup de choses sont bornées strictement, en pensant « scène d’action » et « les joueurs doivent pouvoir s’appuyer sur les chiffrages pour mener leur action ». Les objets de type « onyx acérée » sont assez lourds à traduire en technique.
- En 7e édition de l’Appel de Cthulhu, au contraire, on a un contraste entre normalité prosaïque et horreur cosmique. Les spectres ne cadrent pas trop avec le bestiaire. En revanche, on peut partir sur un scénario de type « Destination finale » (série de film d’accidents mortels, façon slasher de la poisse).
- FIM utilise beaucoup une échelle d’intensité du surnaturel, avec tantôt l’impossibilité d’user de la magie, et tantôt son déferlement. L’orientation est plutôt mise sur les intentions que sur le détail technique, notamment parce que les créatures tendent à être unique ou avoir beaucoup de marge de manœuvre.


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