Fortuna Imperatrix Mundi

Questions / Réponses

De quoi parle-t-on ?

FIM désigne un univers (monde matériel et monde spirituel), ainsi qu’un système.

L’univers

L’univers se nourrit de documentations diverses. Les notes les plus anciennes que j’ai identifiées dans mes fichiers remontent à 1999. Depuis 25 ans (!) j’ai mis en place une méthode de classement (imparfaite bien sûr) qui me permet de travailler par accumulation, touches et retouches. L’ensemble va de la préhistoire à la science-fiction. Chaque civilisation est très marquée, et constitue une fin en soi. Certains lieux sont explorés sur différentes époques (fondation, et après une période de développement).

L’ensemble couvre sensiblement une planète, avec des ambiances allant de la préhistoire jusqu’à la science-fiction, en passant par le mummy & sorcery, le gothique ou le merveilleux. Certains territoires sont décrits à deux temporalités différentes. Ainsi par exemple, le « Regenland » est découvert à l’époque principale du cadre « Artland », et il est développé ensuite pleinement pour lui-même quelques deux siècles plus tard.

À ces contrées du monde matériel s’ajoutent de vastes territoires du monde spirituel, incluant plusieurs « cercles » (infernaux) très différents les uns des autres. Les créatures qui y évoluent habituellement, les « attraces », sont convaincus que ces lieux sont la seule réalité possible et existantes. Les jeux de ces illusions me permettent d’aborder des cadres de high ou dark fantasy.

Le système

Un système a été conçu pour jouer des humains normaux, aussi bien des enfants (c’est testé !) que des experts. Il met en particulier accent sur l’entraide, et vise à traduire les mots d’un historique en fiche aussi fidèlement que possible. La saveur est adaptée à des enquêtes et d’autres intrigues d’ambiance où la vulnérabilité des personnages apporte une saveur appréciable.

Si le système FIM correspond à un style de jeu particulier, j’ai aussi expérimenté d’autres saveurs, pour d’autres types de scénarios, et en particulier la 5e édition. La notion d’hybris (une force particulière, d’origine infernale) rend possible la démesure des actions, tout en leur donnant un sens dans le monde.

D’où vient le nom « FIM » ?

« Fortuna Imperatrix Mundi » est une expression latine exprimant l’idée selon laquelle le hasard est maître du monde. Fortuna est en effet une allégorie des opportunités, du chaos, de l’imprévisibilité. Elle a les yeux bandés, comme la justice, mais pas pour les mêmes raisons. Elle apparaît particulièrement dans deux chants des Carmina Burana : O Fortuna et Fortune plango vulnera. Vous trouverez une traduction du premier des deux sur Wikipédia. J’avais découvert ces compositions de Carl Orff alors que j’étais encore au collège (sûrement vers… 1995 ?), bien avant mon premier ordinateur, ma première connexion Internet, etc. C’était une époque où j’apprenais le latin ; le Moyen-âge était ma période favorite et je détestais toute l’histoire contemporaine, ne voyant aucun moyen d’en faire des fictions dans lesquelles je me reconnaitrais. J’avais acheté un album des Carmina Burana (écouté en boucle) et il y avait les traductions des chants dans le livret. Sentimentalisme aidant, je préfère évidemment cette traduction à celle dont je vous ai donné le lien sur Wikipédia, mais l’essentiel y est : de l’élan, une forme de tragique et d’absurde, mais aussi de courage face à l’adversité. « Fortuna Imperatrix Mundi » est le titre qui relie les deux premiers morceaux des Carmina Burana. C’est là que j’ai découvert l’expression.

Comment a commencé la création de FIM ?

Nous parlons d’une époque où je n’avais pas encore d’accès Internet et des moyens très limité d’entrer en contact avec le monde, et pas non plus de relations ayant connaissance des créations de l’imaginaire. J’ai bricolé à partir de quelques « aventures dont vous êtes le héros » trouvée dans un bibliothèque municipale, et j’ai plus ou moins réinventé le fil à couper le beurre « dans mon coin ». Mes premiers dés (hors d6) étaient tous en carton, des découpages soignés. Je vous laisse imaginer le casse-tête pour fabriquer un d20 qui fonctionne, mais sachez que le pire de tous est indéniablement le d12, car dessiner au compas des pentagones réguliers est pour le moins technique (e fait, j’ai échoué).

FIM a donc commencé à exister en l’absence de livres et de références de publication. Mon accès à la fantasy se limitait à une lecture du Seigneur des Anneaux de Tolkien (qu’on m’avait prêté), les « Aventures dont vous êtes le héros » (prêt). La seule ressource était la jeune bibliothèque que je commençais à avoir, avec une orientation histoire antique & médiévale, et mythologie. J’ai lu des ouvrages de Claude Lecouteux sur les « Chasses fantastiques et les cohortes de la nuit » avant d’avoir eu le moindre livre de « Donjon & Dragons » entre les mains. De fait, j’ai appris les règles de la 3e édition via le jeu vidéo Neverwinter Nights.

Avec le début de mes études en histoire, j’ai eu un peu plus de joueurs, mais j’étais toujours sur une sorte d’île déserte où j’invitais les autres à jouer à mon univers et mes règles, car je n’avais rien d’autre sous la main. J’avais désormais un ordinateur et j’ai commencé à mettre tout au propre.

Ensuite, avec Internet, tout s’est relativement accéléré. J’ai découvert l’existence des publications du marché via le GROG et j’ai eu une longue phase de lecture passionnée de ses articles. Durant la période des forums, j’ai beaucoup échangé et pu jouer (un peu ^^).

L’évolution de FIM est demeuré dans les ombres, mais n’a jamais cessé. De fait, c’est dans cet univers que je pouvais placer toutes les idées que j’avais, quelles soient des ébauches ou des travaux plus aboutis.

Quelle est l’influence de FIM sur mon parcours d’autrice pro en JdR ?

FIM a eu une grande importance. Je pense que je n’aurais pas pu effectuer le travail que vous connaissez peut-être dans mes publications professionnelles sans cet arrière-plan. A chaque fois que j’ai une idée, et sauf impératif immédiat de publication, elle naît dans FIM, car j’ai plus de « place » pour développer ma pensée dedans. Tout ce que je lis, joue, vois, réfléchis… finit à un moment ou un autre dans FIM. Parfois il s’agit juste de « à quoi ressemblerait tel concept en ôtant tout ce qui me dérange à côté », parfois c’est plus un travail de fond en cherchant comment rapprocher des émotions esthétiques.

Voici quelques exemples directement liés à des publications.

• En 2008, il m’avait été demandé de livrer en urgence (déjà à l’époque !) la première version de la campagne de Dearg (!), et le travail en question m’avait valu de mal réviser mes partiels en droit (oui, après l’histoire, le droit) et d’aller au rattrapage pour la première fois. J’en avais été mortifiée, mais revenons à cette V1. Le scénario était en fait une adaptation d’une création faite pour FIM dans le cadre « Syldavie ». La trame de cette histoire incluait « Manteau de Corbeau » comme antagoniste principal. L’histoire se déroulait en hiver, dans une vallée isolée, avec seulement deux villages, dont un avait été détruit. Des réfugiés arrivaient pour demander de l’aide, et tout était très étrange, sombre et froid. Le « Manteau de Corbeau » évoqué était une création fondée sur mes lectures relatives aux Celtes, notamment « Le livre des dieux – Celtes et grecs II » par Bernard Sergent (2004) et des articles lu dans Archéologia (mon abonnement chez eux semble remonter à 2001 !). L’idée était que les divinités celtes des périodes « archaïques » mêlaient des aspects humains, animaux et végétaux, qu’elles étaient ambiguës et paradoxales (association de la guérison et et de la maladie par exemple).
• En 2012, j’ai écrit la première version d’Occultisme (pour les Ombres d’Esteren) en un mois (août). C’était possible, car le scénario existait en réalité déjà, là encore dans le cadre FIM, en « Zdêténie », une contrée voisine de la Syldavie. La version initiale était (comme pour Dearg) plus resserrée. En travaillant pour la publication, il y a eu des ajouts (monstre dans les égouts par exemple).
• En 2016-2020, la création du Kaan pour « Dragons » sur le plan esthétique a puisé directement dans mon fond Pinterest « Bactriane ». Initialement, la Bactriane est un territoire de l’Antiquité situé aux alentours de l’actuel Afghanistan. La même observation vaut pour l’essentiel d’Eana (quelques exemples ci-après). Ces recherches pour FIM existaient sur Pinterest après leur variante « papier » : découpages de magazine, collage, classeurs, dessins…

A quoi ressemble FIM à présent ?

FIM grandit, évolue, et cela vaut pour ses fichiers d’univers comme pour ceux de système. Il y a eu de nombreux tests et réflexions. L’aperçu ci-après donne juste les titres des fichiers et pas leur taille. Dans plusieurs cas, j’ai fini par me dire « à plus de 1 million de signes, il faut peut-être songer à le redécouper« . Certains sont restés longtemps assez maigres, et ont connu ensuite des développements massifs. C’est le cas d’Artland et du Regenland qui n’étaient que des ébauches à une époque, et qui sont désormais massifs, et en croissance (surtout pour le Regenland, du fait du travail sur le roman In-Existence).