Fortuna Imperatrix Mundi

🔷Transversal

Robert MUCHEMBLED, Une histoire de la violence, Seuil, 2008

Une vue d’ensemble des représentations et de l’histoire du XIIIe au XXe siècle. Robert Muchembled a une plume fluide et facile d’accès, ce qui fait de son travail un point d’entrée général pratique. Il a également travaillé sur les sorcières (et la chasse aux sorcières) et la représentation du diable. Je garde un bon souvenir de mes lectures de quelques uns de ses ouvrages sur ces thématiques.

🔷Contexte médiéval

Gilles LECUPPRE, L’imposture politique au Moyen Âge. La seconde vie des rois, PUF, collection Le nœud gordien, 2005

Dans les littératures de l’imaginaire, nous sommes familiers de Tolkien, et de sa reprise du mythe du « retour du roi ». Celui-ci est ancien, et a eu une influence en politique, avec des factions (pour prendre un terme habituel en jeu) qui « découvrent » un « héritier caché » (par exemple) et soutiennent sa contestation du pouvoir. Ce livre est utile pour aborder ce thème avec une approche critique et plus de variétés dans les situations.

Valérie TOUREILLE, Vol et brigandage au Moyen âge, collection Le nœud gordien, 2006

Un panorama abordant l’imaginaire médiéval du bandit, la représentation du vol, la réalité des condamnations, la lutte contre la grande criminalité, les mots pour définir les actes, et la question du pardon (pour ainsi dire inexistante dans la fantasy que j’ai croisée).

🔷Contexte cape et épée

Pascal BRIOIST, Hervé DREVILLION, Pierre SERNA, Croiser le fer. Violence et culture de l’épée dans la France moderne (XVIe-XVIIIe siècle), éditions Champ Vallon, collection Époques, 2002

Une somme sur l’escrime, les armes utilisées, la formation au combat, la mortalité en duel et en combat, la représentation et le discours autour… Bref, un riche panorama sur la pratique et la théorie.

🔷Contexte XIXe

Kellow CHESNEY, Les Bas-Fonds de Londres. Crime et prostitution sous le règne de Victoria, éditions Tallandier, 1970, traduit 2007 [Titre original : The Victorian Underworld]

Il y a un côté « Oliver Twist », d’après le roman de Dickens évoquant le crime londonien (sur Wikipédia) à la lecture de ce livre. On y retrouve les mendiants, les détrousseurs, les paris sportifs… La prostitution mise en exergue dans le titre français n’occupe qu’un chapitre sur dix. L’ouvrage est utile pour sa saveur, le tableau d’ensemble et des détails à partir desquels enrichir tout cadre évoquant des « guildes de voleurs » ou plus largement l’Underworld, le monde interlope censé évoluer dans une dimension distincte de celle des honnêtes citoyens.

Dans le même ordre d’idées, vous pouvez trouver beaucoup de ressources sur Gallica en saisissant le nom d’auteur « François Vidocq (1775-1857).

Comme ça sort un peu du sujet, j’ai ajouté en encadré distinct un détour vers de la documentation visuelles sur le Londres du XIXe s .

🔷Contexte XXe-XXIe

■ Criminologie générale

François HAUT, Stéphane QUÉRÉ, Les bandes criminelles, Presses Universitaires de France (PUF), 1ère édition, 2001, Paris.

Je le signale ici car j’en avais tiré à l’époque pas mal de notes. Il proposait notamment des typologies pour distinguer la bande du gang, et s’intéressait au parcours à l’intérieur de ces structures.

Marc LE BLANC, Marc OUIMET et Denis SZABO (dir.), Traité de criminologie empirique, 3ème édition, Les Presses de l’Université de Montréal, 2003.

La quatrième édition (2010) est disponible en France, entièrement remise à jour ! Je suis très tentée de me l’offrir. J’avais vraiment beaucoup apprécié cette lecture. La criminologie empirique s’intéresse prosaïquement aux faits, à la réalité du terrain, là où la criminologie théorique cherche à proposer des modèles, au risque de les plaquer sur la réalité avec des biais importants (en tous cas c’était frappant au XIXe siècle, mais ça commence à dater, il faudrait que je me mette à la page).

■ Criminalité organisée

Les livres sur le crime organisé sont souvent difficiles, non par la masse de « gore » ou de descriptions crues, mais par l’ampleur des phénomènes et les réactions dérisoires des États et des sociétés. C’est éclairant, et pousse à concevoir des cadres fictionnels moins naïfs ou moins complaisants avec la réalité de la violence exercées. Je pense que ces sujets gagneraient à être mieux connus, mais c’est difficile de les voir purement comme du loisir.

Jean-François GAYRAUD, Le monde des mafias. Géopolitique du crime organisé, éditions Odile Jacob, 2005

Un ouvrage qui m’avait beaucoup marquée, et dont j’avais tiré une pile massives de notes. Il m’a servi d’introduction générale au sujet. Il donne une vue d’ensemble sur les mafias, en tentant de proposer une typologie (des définitions pour distinguer les différentes catégories de groupes criminels organisés).

Jean-François GAYRAUD, Showbiz, people et corruption, éditions Odile Jacob, 2009

Il est question notamment d’Hollywood, de la pornographie et du sport professionnel, et de corruption politique.

Jean-François GAYRAUD, Le nouveau capitalisme criminel, éditions Odile Jacob, 2014

L’ouvrage traite entre autre chose de blanchiment massif des bénéfices du narcotrafic, de pyramides de Ponzi, et de trading à haute fréquence.

Jean-François GAYRAUD a écrit d’autres ouvrages plus récemment, mais je n’ai pas encore pris le temps de m’y plonger.

Clotilde CHAMPEYRACHE, La face cachée de l’économie. Néolibéralisme et criminalités, PUF, 2019

On s’intéresse ici à la zone trouble entre criminalité organisée et criminalité en col blanc. La charge critique sur les modèles économiques théoriques (à distinguer de l’économie expérimentale (définition sur Wikipédia) est lourde et l’argumentation m’a parue convaincante à la lecture. Si je résume ce que j’ai retenu, l’aveuglement sur la nature de la criminalité organisée et la déviance entrepreneuriale crée un terreau toxique pour les sociétés démocratiques, tout en sapant à la base les chances de lutter contre notamment le narcotrafic. L’ouvrage est plus court que d’autres cités ici, mais mes notes ont été très lentes, car je réfléchis à la manière dont je pourrais mettre en scène ces problématiques en scénarios, et ce n’est pas évident.

Et à ces ressources imprimées s’ajoutent entre autres choses des podcasts Radio France ainsi que des documentaire sur Arte. Quelques liens de séries en plusieurs épisodes disponibles au moment de l’écriture de cet article.